Un épisode hors de la chronologie habituelle du mour du tonde, juste pour revenir sur qq situations qui m'ont étonné, appris, gêné ou fait rire.
Pour cette fois, ça se passe au Laos, aussi bien sur la route que lors d'escales a luangprabang, a Vientiane ou Pakxé et concerne plutôt les arts de la table.

Le chat, le bout de viande et ma soupelette.

Montée de Phu-khun. Troisième jour de route depuis Vientiane, il pleut tout le temps. Il est 7:00 et je roule depuis bientôt deux heures. La pluie s'intensifie. En même temps je vois une maison sur le bord qui sert des soupes de nouilles (ka-poun).
Je me gare, couvre le vélo et ne rentre a l'intérieur qu'avec cette tenace odeur de moisi qui me suit et me précède depuis deux jours !

Il y a la trois générations de cette famille, le grand père s occupant des tout petits et ceux déjà capables de marcher, aidant plus ou moins la mère aux fourneaux.
La soupelette du petit dej est a la hauteur de mes espérances les plus folles du moment. C'est bien agréable de faire une vraie pause comme ça. C'est un genre de soupe aux vermicelles et aux herbes avec qq morceaux de porc bouilli. Le chat de la maison profite d'une discussion animée pour chaparder un beau morceau de cochon exposé sur une sorte de vitrine. S'ensuit alors une course-poursuite entre l'ainée et le chat.
Des chaises sont renversées, des bols tombent, qq cris, bref, c'est l'alerte rouge mais tout a l'air pourtant bien rodé.
Dans la panique, le chat (qui pourrait s'appeler Pardeur mais qui en réalité porte le nom de Chat) se réfugie sous un meuble d'où il se fait chasser par un puissant coup de balai, laissant rouler dans la poussière l'objet du forfait. Et en un clin d' œil, la petite main de cette mignonne enfant saisit le lardon, le lance - relativement habilement je dois dire - a sa mère, qui, sans autre forme de procès, smatche pour le renvoyer a sa place, c'est a dire dans la marmite sur le feu. Le plouf sonore vient confirmer aux éventuels sceptiques que la boucle est bouclée. Tout rentre alors dans l'ordre.

J'avais déjà terminé mon bol, bouts de viande compris.
L'averse est passée.

Il est temps de reprendre la route.

Je me demande si la soupe aurait eu un goût différent si j'étais arrivé 10 minutes après !!

Un plat de choix très prisé: le to-tho nun

Qq jours plus tard, invité a dejeuner avec les familles de Sii, Billy, Joy, Mii et Feul, a luangprabang, j'ai eu le privilège de déguster coup sur coup deux préparations qui me resteront, non pas sur l'estomac mais bien plus en mémoire. Pour commencer, il n'y a qu'a surmonter une appréhension initiale pr prendre goût a ces fameux "hannetons et larves d'abeilles aux lardons persillés et aillés" (to- tho nun en laotien). La vision de ces gros asticots blancs (qui semblaient me regarder dans les yeux jusque dans ma cuillère) était un brin rebutante au début (photo).
On m'a expliqué qu'il s'agit d' et assez rare car ces larves ne sont "a point" que durant un court moment qui suit une grosse pluie. Un long et patient travail d'extraction des larves de leurs alvéoles se fait directement au marché et les acheteurs de bousculent litteralement pr réserver leur portion.
De plus, c'est un plat très riche en protéines et qui complète utilement l'alimentation essentiellement a base de riz et de légumes bouillis de nombre de familles modestes.

Ok. Merci pr les gars pr la dégustation !

Le thom krouey kouru

Le surlendemain, non contents de m'avoir déjà proteiné copieusement, je retrouve la même clique pr ce qui devait être une brève visite de fin de matinée avant d' assister aux courses de bateau de la fête dite "boun soun hua". Finalement, une table est dressée dans la petite cour, on installe un parasol et qqn sort un panier a riz. Deux minutes après, deux soupes rejoignent le riz qui devait se sentir un peu seul, ainsi qu'une demi douzaine de cuillers, un verre et six bouteilles de bière (*). Bon, je vous fais pas un dessin : chacun prend une boulette de riz avec laquelle il sauce un coup dans ce plat, un coup dans l'autre.
Puis, Sii me tend une cuiller avec un bout de viande qu'il a pêché dans l'un des plats. Il précise que c'est une tradition d'hospitalité que ce soit le maître des lieux qui choisisse et attribue la première cuillerée a son hôte. D'une consistance presque cartilagineuse, la viande est bonne. Rien a redire de ce côté la. Je n'apprendrai qu'a la fin du repas que c'était du "zob de bœuf au bouillon de navet" (thom krouey kouru).
Je n'en demandais pas tant !

(*) Pourquoi un verre et six bières et pas le contraire, entends-je déjà murmurer dans les rangs des lecteurs du mourdutonde ?
Ça, c'est une autre tradition lao : un seul verre, servi par l'un des convives, passant de l'un a l'autre, ce qui est une incitation a le boire rapidement, si l'on ne veut pas être rappelé a l'ordre!!

Les plats serpentins

Et pr terminer avec les plats ... originaux, il y a les serpents. Par ici, certains atteignent allègrement les 2 mètres : en Thailande on les écrabouille consciencieusement, on fait passer la voiture dessus.
Et on repasse une fois, deux fois. Au Laos, on les mange bouillis.
Bon, je reconnais, je n'en ai mangé qu'une seule fois. Il était plutôt commun, gris-foncé et semblable a une couleuvre moyenne. En revanche, écrasé sur la route, ça manque un peu de poésie, je le concède, mais on peut les observer. Bien mieux que vivants. Ils s'enfuient pas, et pour cause. Il y en a une grande variété. Certains ont un corps jaune vif parsemé de taches noires ou bien d'un vert uniforme qui pète, presque fluorescent. C'est joli. En plus, ça me motive carrément pr éviter de camper trop souvent dans les forets, quitte a faire qq km de plus jusqu'au prochain village.