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Envoi n°3 du 12 juin 2007 -- Période du 16 mai - 31 mai 2007
Episode n°12 : Sfax (II) et l'ile de Kerkennah
Pays : TUNISIE. Lien vers une carte de la Tunisie : http://www.nachoua.com/C-Tunisie.jpg
km parcourus depuis Grenoble (FRANCE) : pour cet épisode, ils sont à pied... ça ne compte plus !!?
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Sfax (le retour)
Retour à Sfax dans l’attente du visa pour la libye… Ce serait un peu long de tout raconter. Ce serait peut-être aussi un peu dénué d’intérêt de détailler jour après jour cette attente en ville et sans les vélos. Ce qu’on peut dire, c’est que l’ambiance a fluctué entre de grands moments de visites de la médina en flanant : pas de soucis pour les vélos, pour la nuit qui tombe, pour les courses à faire, etc… de même, c’est une autre manière de voyager : rester en ville, s’intéresser aussi à la vie citadine dans la 2e ville du pays, boudée par les touristes, apprendre un peu plus que 3 mots d’arabe (fichtre, c’est difficile !), voir l’heure de pointe dans la circulation, …
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Centre ville de Sfax. |
Nous avons aussi connu pas mal de passages un peu décourageants : liés principalement à l’incertitude sur l’issue de notre demande de visa. Mais aussi en raison de notre précarité matérielle : en effet, n’étant pas préparés à un long séjour en ville, nous n’avions avec nous ni suffisamment de vêtements, ni l’intention d’aller à l’hôtel tous les soirs. Heureusement, dès notre première visite à la Maison de France de Sfax, nous avons été « drivé » par les membres du personnel qui ont toujours été extraordinairement disponibles et souples avec nous. Renseignements sur les visites intéressantes des alentours de Sfax, facilitation pour l’accès au net, bonnes adresses en tout genre mais c’est surtout des encouragements et de l’intérêt portés à notre démarche qui ont joué un grand rôle pour garder le moral après 14 jours d’attente. 14 jours où nous nous pointions tous les jours, avant de nous rendre au consulat de Libye pour faire le point sur notre demande. |

Une rue de la Médina, Sfax. |

Une rue de la Médina, Sfax. |

La porte Bab el Jibi, Sfax. |
Week end Roots sur l’île de Kerkennah : plage, rosé et scorpions.

Pour l’anecdote, nous avions trouvé une bonne planque sur l’île de Kerkennah, desservie depuis Sfax par un bac où nous allions passer les week end, dans l’attente du prochain jour d’ouverture du consulat de libye. Ainsi, chargés des courses pour être autonome durant trois jours, nous pouvions dormir sur la plage, lire intégralement la presse française (jusque dans la rubrique « recettes » ou « argent » du monde, c’est dire), faire des mots croisés et prendre le soleil. Tout s’est bien passé le premier week-end. |

Groumpf ! Groumpf ! squatt sur la partie déserte de l’île de Kerkennah. |
En revanche, lors du deuxième, nous avons pu goûter aux délices du réveil nocturne sous une pluie continue, d’énergiques bourrasques de vent marin pas marrant, des éclairs dignes des stroboscopes du Macumba. Et ce, durant trois nuits de suite, sans tente, à l’écart de toute habitation ou d’un quelconque abri. Autant vous dire que dans ces moments là, nous ne faisions pas les malins… cerise sur le gâteau, nous rencontrons nos premiers scorpions au pied du palmier que nous avions choisi pour abri. Pas glop ! pas glop ! Au petit matin, le ciel bleu, le temps calme et le soleil chassaient les tourments de la nuit et séchaient les affaires trempées. Le ciel était tellement limpide qu’il dissipait nos doutes quant à la météo de la nuit suivante : et pourtant.. !
Comme pour compenser notre désarroi, alors que nous faisions du stop pour gagner la ville d’après, deux gars s’arrêtent et nous proposent de nous déposer. Dans cette voiture, on retrouve une ambiance digne d’un mélange de « trainspotting », de « las vegas parano » et des « tontons flingueurs » ! A peine installés, la musique reprend plein tube et la voiture la route, et voila que Marcel, tout en conduisant me tend son sandwich (il est 7h !) pendant que Ryad nous propose du café dans une vraie tasse. A peu près deux secondes après, il nous propose des cigarettes (heu non merci !), de l’eau fraîche (heu, non merci !), puis la discussion reprend : on fait connaissance : ils ont pas dormi de la nuit (ils ont chacun un œil tout rouge !) et vont voir qqn de la famille. Mais les deux frères parlent en même temps. On a du mal à suivre. A cet instant, la radio passe un tube de dance qui nous hurle dans les oreilles « are you ready ? » D’autant que Ryad s’est mis en tête de nous faire un cadeau et farfouille dans la voiture. Il s’empare d’un sac qu’il jette par la fenêtre avant de me tendre son contenu : cadeau. Oh, des tongs ! ben merci Ryad… nous leur proposons de boire le café avec nous en ville. Evidemment, impossible de payer, il faut se faire offrir le café auquel on les invite. En prime, il nous ramène deux parts de pâtisserie, une bouteille d’eau, leur numéro de téléphone et une proposition de se marier avec Anne. Puis disparaissent peu après, parce qu’il est tard. Un tourbillon d’énergie, ces deux là. Vraiment à 200 à l’heure pendant 45 minutes, de quoi nous réveiller et nous mettre de bonne humeur pour reprendre le week end … on en rigole encore, tout en se disant que cette tranche de vie aurait certainement plu à Yann (notre coloc de Perpignan, dont le patronyme signifie breton en breton), et à Benoît (mon coloc lyonnais). |
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Une semaine auparavant, nous avions déjà été pris en stop par Faïssal, habitant de l’île et bon vivant, avec qui nous avons pris l’apéro au Château-Mornag sur la plage et sous les palmiers, en mangeant du foulne dont nous raffolons (des fèves cuites à l’eau dégustées avec beaucoup de cumin). |

Apéro-palmier-plage-rosé-foulne ! |
Technique dite de dissimulation des cheveux sales, grâce à un coup de peigne. Attention, ça ne fait pas illusion longtemps !!! |

Et ça en crispe certaines !! |
Autres rencontres marquantes à Sfax, comme celle de Stéphane, un français en poste ici ; celle du couple d’hôteliers chez qui nous nous sommes pointés plusieurs fois ; comme celle de Blek, le cuistot de notre resto-boui-boui-tout-petit-petit-prix.
Avec Stéphane, on a apprécié sa pêche, la simplicité d’entrée en relation, les plats des meilleurs spaghettis n°2 aux fruits de mer, son regard comparé sur les sociétés tunisienne et française et ses maximes toujours fortes à propos (dont nous vous livrons les plus célèbres : « il vaut mieux être heureux sur terre que courageux sous terre », « il faut pas cacher la merde au chat » et « qui ne supporte l’adversité, ne connaîtra pas la prospérité »). On vous laisse méditer là-dessus. |

Thé à la menthe du soir dans les grands salons avec Stéphane, Sfax. |
A l’hôtel de la médina, on a eu droit à la douche gratuite chaque fois que nous y sommes allés, avec une certaine insistance d’ailleurs, qui nous fait penser que se cache un certain message… ah bon ? le couple d’hôtelier a vraiment été très souple avec nous, surtout dans l’état où on était, proche de l’apparence de Jacquouille et de sa comparse en haillon (Ginette). |

Porte bab el Jibi, Sfax. |
Quant à Blek, notre ils-sont-bons-et surtout-pas-chers-tes-sandwiches-man, nous avons passé de longs moments à ne rien faire d’autre que de causer des petites choses de la vie, comme son goût pour la chanson française, la poésie, le karaté et le ploc-ploc des gouttes de pluie sur la tole. Nous on se souvient très bien du ploc-ploc sur le poncho qui nous tenait lieu d’abri le week-end dernier. La poésie d’un tel moment nous a semble-t il échappé… |

A la gare de staxi « louage » de Sfax, en attendant le départ du notre pour Ben Guardane. |
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