Retour aux sections du journal |
Envoi n°5 du 11 juillet 2007
Episode n°18
Pays : Egypte
km parcourus depuis Grenoble (FRANCE) :
<-- Episode précédent
|
Tout ça pour un survol de la Libye…
« Nouveau départ »
Bon, après un passage « plutôt moins » en Tunisie, je repars, regonflé à bloc avec l’objectif de passer par-dessus la Libye en avion à défaut de traverser ce pays au niveau du plancher des vaches. Après cette halte qui m’a permis de perdre de l’entrainement (tu dois te ramollir, m’écrivait mon frère !), je me déleste d’un bon paquet d’euros en soutenant la compagnie aérienne égyptienne : vive l’aide au développement ! Puis, après un brin de tourisme à vélo en Egypte, je m’en vais à nouveau en avion de rejoindre Chypre pour retrouver mon père et Anne ma sœur pour 10 jours de vacances ! ce tour du monde à vélo ressemble de plus en plus à un voyage multi-destination en avion…
Mais avant cela, il me faut tout de même récupérer mon vélo resté à la frontière et rejoindre ensuite Tunis prendre un vol pour le Caire samedi 14 juillet. C’est vraiment à regret que j’en viens à cette manière de voyager mais après 1 mois et demi d’attente, sans pédaler et en mettant mes nerfs à rude épreuve dans les méandres désolantes de la mission consulaire libyenne, je renonce à ces 1500 km de traversée. Ce pays qui promettait d’être d’une beauté prodigieuse, je n’ai plus envie de le voir pour le moment. C’est une décision que j’ai eu du mal à prendre, tellement les informations que j’ai trouvées à ce sujet étaient contradictoires.
Dont acte.
Le voyage continue. J’aurai plus de temps à passer en Egypte, ce qui me convient tout à fait.
|
Cliquez sur les images pour les agrandir. Puis sur le bouton "RETOUR" de votre navigateur pour reprendre la lecture.

|
A propos du visa libyen pour un cyclotouriste français…
Visa de tourisme. Ce que je peux dire aujourd’hui après 6 semaines d’attente, c’est que le visa de touriste n’est pas délivré par le consulat de Sfax. A cette « règle » correspond une exception, c’est comme souvent celle qui passe par l’argent : en prenant contact avec une agence de voyage libyenne, celle-ci effectue les démarches depuis son siège en Libye, s’adresse aux bonnes personnes et présente des arguments sonnants, trébuchants donc pertinents, bref, elle obtient le visa. Mais elle pose par conséquent ses conditions : l’agence n’étant pas, par définition une entreprise philanthropique, elle se fait payer et elle impose de voyager à bord de ses véhicules. Pour un visa demandé avant le départ au consulat de Libye à paris, faut compter entre 60 et 120 euros par jour et par personne selon l’agence, auxquels il convient d’ajouter les 60 euros correspondants au prix du visa. 10 jours d’attente au minimum. Dans ce cas, le visa qui est délivré permet de séjourner sur le territoire libyen généralement pendant un mois. Attention, il doit être utilisé dans les 3 mois suivant son émission. Ce qui, dans le cas d’un voyage au long cours, ne convient pas. Dans mon cas, j’ai quitté la France à la mi-mars. Il m’aurait donc fallu me présenter à l’entrée en Libye à la mi-mai pour disposer du dernier mois et effectuer les 1800 km de la côte libyenne.
A chacune des tentatives pour obtenir ce visa dans des consulats hors France, il m’a été objecté qu’il était impératif d’être résident italien pour celui de Rome et tunisien pour ceux de Tunis ou de Sfax. En fait, en discutaillant un brin, il demeure possible de maintenir sa demande sans être résident, pour peu qu’on prenne le temps de s’expliquer sur les raisons expliquant la demande hors France. En revanche, l’écueil obligeant à passer par une agence de voyage demeure intact …
Visa de transit. D’une durée d’une semaine, il est prévu pour permettre à son titulaire de traverser le pays ou de rejoindre un aéroport. Pour l’obtenir, il est parfois demandé de présenter un billet d’avion ou le visa du pays suivant. Dans mon cas, j’avais déjà obtenu le visa égyptien lorsque j’étais à Rome, donc l’option transit est crédible. D’après le blog d’un couple de pèlerins (http://blog.pelerin.info/a_pied_de_compostelle_a_jerusalem/), on peut l’obtenir depuis Tunis en 2 semaines, sans recourir à une agence. Des cyclotandemistes (http://surlesroutes.over-blog.com/) l’ont eux obtenu à la frontière tuniso-libyenne mais ont été contraint de payer une agence (80 euros/jour). Pour ma part, je tente de l’obtenir depuis le consulat de Sfax dans l’idée de passer la frontière en taxi, donc sans passer par aucune agence de voyage à raquer. J’ai tout de même téléphoné aux agences pour me renseigner. Les tarifs s’échelonnent entre 500 et 1200 euros pour un convoyage de la Tunisie à l’Egypte. J’ai donc demandé à Lotfi comment on disait « va te faire foutre » en arabe et sur ce, j’ai mis fin de cette manière et sans doute avec un accent dauphinois, aux négociations avec les agences libyennes. |
|
Gastonomie : des progrès.
A force de prolonger mon séjour à l’hôtel Maghreb, Lotfi, le patron est devenu un ami avec qui je dîne le soir, tranquillos. C’est sympa et ça me change du régime œuf-vache-qui-rit à chaque repas. J’en tire une certaine fierté puisque désormais, j’ai appris à manger les poissons de Sfax en entier. Même les yeux et le cerveau ! C’est Anna qui va être contente ; et en plus il paraît que c’est bon pour la santé…. ! de même, je commence à apprécier les piments qui se révèlent être efficace contre la sensation de « trop chaud ».
|
|
Le soir, à l’hôtel, y’en a qui jouent aux cartes dans le hall, d’autres regardent la télé. Je me suis toujours pas décidé à apprendre à taper la belote et reste à discuter avec Lotfi, je bouquine ou je vais prendre l’air sur le toit. |
|
A midi, il fait tellement chaud que je n’ai pas faim. En revanche, en guise d’apéritif avant d’aller manger avec Lotfi à l’hôtel, je passe un moment dans le restaurant de Mohsen, rencontré avec Anne et devenu un ami depuis. Là, on grappille des frites et du melon en se marrant. C’est la fin de journée. Il me remonte le moral les jours ou je me demande combien de temps je vais attendre ce visa. Il n’arrête pas de me dire que je ne perds rien à survoler la Libye.
Bref, ces deux loustics, Lotfi et Mohsen, ont été des compagnons très précieux de a à z pour traverser cette drôle de période. Merci à eux. Merci aussi à Anne qui faisait de l’assistance internet quasiment en temps réel ! |
|
Sfax, en bref, Sfax, en vrac.
C’est pourtant une jolie ville, avec une médina très très vieille : construite en 859 (j’ai galéré pour trouver la date parce que tout le monde me disait que c’était de l’ancien sans être d’accord sur plus de précision…). Initialement, la médina était au bord de mer. Mais lorsque les Français sont venus coloniser le pays, ils ont asséchés les terres sur près d’un kilomètre et construit le centre ville d’aujourd’hui sur cet espace. Au vu du résultat, je ne comprends pas pourquoi ils se sont fèche à gagner du terrain sur la mer alors que y’en a tout plein derrière la médina. La maison de France, où je me trouve en ce moment, se trouve sur ces sortes de polders. C’est aussi un bâtiment colonial tout comme les 4 ou 5 grosses maisons aux alentours. Le reste de ce qui s’appelle le centre ville n’est à mon avis pas d’un grand intérêt. En revanche, les quartiers qui s’étirent le long des routes principales en direction de Tunis, de Gabès ou autre sont très animés. Des gens partout, assis devant chez eux, avec ou sans marchandises à vendre, des enfants qui joue au ballon entre les immeubles. Des jeunes, des vieux, des quatre coins du pays sont installés ici. Bel exemple de mixité populaire, pour les qq fois ou je m’y suis rendu. |
|
Quelques habitudes sfaxiennes
Ce que j’observe après tout ce sur-place, c’est que malgré une population importante de près de 500 000 âmes, tout le monde se connaît au moins de vue. Comme à chaque fois, dans ce cas, la solidarité entre les personnes est palpable mais l’anonymat n’existe pas. Par exemple, une femme qui se promène un peu tard dans un quartier qui n’est pas celui de son domicile va être immédiatement repérée. Si on ne lui demande pas des comptes explicitement, cela va revenir aux oreilles de sa famille et peut nuire à sa réputation. Quand on sait l’importance de la « réputation » dans les petits villages, ici, c’est du même ordre.
Idem pour l’alcool, c’est très mal vu de boire de l’alcool. C’est interdit dans l’espace plublic. Seuls quelques bars ou les hôtels à touristes vendent ça sous le contrôle de l’Etat. Chacun (ou plus exactement la majorité des gens) jure ses grands dieux ne pas y toucher. Et pourtant tout le monde boit. J’ai lu des chroniques dans lesquelles le journaliste déplorait cette interdiction de fait pour la simple raison que les gens se trouvaient contraints de boire en cachette, et à toute vitesse. Il existe cependant une certaine tolérance dans des zones bien précises, bien que non officielles. Tout le monde sait à Sfax que pour s’enfiler des cannettes de bière pépère, il faut aller à Casino, une sorte de jetée glauque près du port où Anne et moi étions allés chercher en vain un coin de plage. Là, on retrouve un monde fou. Parmi eux, beaucoup de taxis prennent leur pause en sifflant leur litre de binouze ou leur bouteille de Château-Mornaig… hips ! |
|
Travail informel.
Rien que dans la rue de Mohsen, qui tient un restaurant, il y a une économie informelle qui est significative : un gars se tient prêt pour aller faire de la monnaie et de petites courses pour tous les commerçants de la rue. Pour l’appeler, ils le bippent avec son portable : il accoure dans les 10 secondes.
Un peu plus loin, un type vient garer sa voiture tous les jours en face de la terrasse du café qui jouxte le restau de Mohsen. Dans son coffre, il a du poisson dans des boites en polystyrène. Tout en sirotant son thé, il explique aux habitués quelle sorte de poisson il a à vendre aujourd’hui.
Sur ces mêmes terrasses, des vendeurs d’espèces de fleurs reconstituées avec de vraies petites fleurs se succèdent. Les Tunisiens achètent ça et se le coincent derrière l’oreille. Avec ça, ils hument le parfum de la fleur, couvrant ainsi les relents des égouts qui sont corsés par endroits.
Tous ces petits boulots n’empêchent pas le fait que les Tunisiens sont globalement assez pauvres, mais les indicateurs habituels comme le smig que j’indiquais plus haut ne sont pas pertinents pour sentir les conditions de vie en Tunisie. Ça rejoint bcp d’impressions que j’ai eues au Niger ou surtout au Bénin. |
|
Ciao !
A peine revenu du consulat ou je me rendais pour la 34e fois, je me suis rué sur les dernières places pour le vol Tunis le Caire du samedi 14 juillet. J’ai donc juste le temps de retourner en taxi à Ben Guardane, de boire un pot avec Ocine pour le remercier du gardiennage de mon vélo et de reprendre un taxi en sens inverse avec le vélo sur le toit pour gagner Tunis… |
|
Episode suivant -->
|
|