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Le journal du tour du monde à vélo par Clément...

... mis à jour au gré des connexions internet rencontrées sur la route
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Envoi n°23 du 27 août depuis Pakse (Laos)
TdM23_27-08-09 - mdtA3.doc

Episode n°84 Vietnam, boue, pluie et chaleur humaine.

Pays : Vietnam
km parcourus depuis Grenoble (FRANCE) :

<-- Episode précédent

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au debut, ca va : la route est moyenne, mais c est calme et ca fait plaisir de voir les aretes et contreforts du massif de "hoang-lien-so-n" s eloigner un peu. on les apprecie differemment a distance ! les flots marrons de la riviere rouge sur ma gauche, je suis confiant : si la route longe un cours d eau, ca doit etre assez plat, c est bien connu (dicton fort en vogue lors de la traversee du pakistan avec joe en 2007).

 

Bivouac improvise entre deux averses : o joie de renouer avec les “bonnes vieilles nouilles chinoise de secours” qui trainent au fond des sacoches, de l operation “allumer un feu de bois mouille” puis de celle “se laver dans le torrent sans se faire emporter par le courant”. La recompense ? une bonne nuit dans un drap qui sent deja le moisi…


sept heures du matin, l heure de la vodka a jeun.
Heureusement la journee qui suit commence mieux que s est terminee la precedente : les ouvriers sur le chantier de la route m invitent fermement a casser la croute avec eux. Puis tant que j y suis, autant me rincer le gosier avec un petit verre de vodka. Puis deux. Puis un petit dernier… alors en route !

 

En revanche, la meteo semble avoir un faible prononce pour les precipitations.

 

contrastes. entre la pluie incessante, la piste noyee sous 30 cm de boue, des passages a gue dans les torrents avec plus de 1m d eau, les eboulements, l absence de logement, d indications, je me suis dit que la synthese de ces trois derniers jours pourrait tenir en un mot : galere. mais une fois encore, ces difficultes semblent s etre passe le mot pour noircir mon horizon, ...

 

Pas d acces en vehicule a plus de deux roues ici car la piste est trop etroite. Quelques scooters et des livraisons par bateau. Pourtant l autoroute est en face. Il n y a qu a traverser. Seulement voila. Au nord, le pont le plus proche est a 25km en amont. Vu l etat de la piste, c est hors de question que je fasse demi-tour.  Au sud, meme distance a parcourir sans savoir dans quelles conditions. Je commence a flairer le piege. En deux heures d effort, je ne parcours meme pas 10km…

 

lorsque le decouragement prend le dessus, hop ! voila tanh et sa famille qui me proposent de boire un the a l abri de leur maison qui borde la route dans cette province de tray-hut.

en fait, le the precedera une avalanche d autres invitations, separees chacune par une petite rasade de "vodka" ! et voila comment recevoir une fois de plus une lecon d humilite. pas la peine de s enteter, ca ne passe pas. la pluie est plus forte. alors mieux vaut s abriter, rigoler un peu, se reposer et reprendre de la motivation pour repartir lorsque le temps le permettra. soit. le lendemain matin, en selle, avec le sourire dans la tete !

 

depuis deux ans, c est arrive plusieurs fois que je passe la nuit chez des hotes locaux. c est a chaque fois extremement enrichissant d humanite et de decouverte des modes de vie mutuels. cette fois-ci encore, l accueil est spontane, simple et  tellement providentiel. ces gens sont sans le sou, ils vivent dans d astucieuses constructions de bambous de plain pied et depourvues de murs, sans doute afin de laisser passer le vent et chasser l humidite tenace. les toits a deux pans sont couverts de tapis faits longues et etroites feuilles sechees et le sol est de terre battue. pas de murs donc, pas d intimite. en guise de deco, il y a bien sur le portrait d ho-chi-minh, un petit autel pour les offrandes a bouddha et un calendrier effeuille. une dizaine de personnes vit ici, dont la grand-mere aux dents noircies par de longues annees a chiquer la feuille d une sorte de tabac local, et tanh, le seul qui parle qq mots d anglais. les 4 filles de la maison, jeunes et souriantes, vaquent a tous les travaux de la maison de l aube au crepuscule avec une incroyable energie. a la veillee, tout le monde s interrompt pour venir voir lorsque je fais passer les qq photos que j ai avec moi. on me demande la photo de famille et des paysages de chartreuse et d afrique. un large sommier de bambou tient lieu d espace pour prendre les repas le jour, assis en tailleurs avec les hommes. les femmes ont une table et des banquettes a cote, mais elles s assoient assez peu.

 

la nuit, la table commune devient le lit du frere de tanh. pour ma part, tanh me fait une place a cote de lui, dans une habitation toute en longueur a deux pas de la maison principale et dediee si j ai bien compris aux rejetons non encore maries de la famille. ah la la, toutes ces traditions ! la non plus, pas de mur, ni de cloison. seulement un large toit sous lequel s alignent ces sommiers a deux places. tout le monde se couche en meme temps, ajuste la moustiquaire et roupille rapidos. tanh me raconte son reve de faire fortune a dubai. trois ans sur les chantiers pour se retrouver sur le carreau, lache par son employeur au moment de renouveler son titre de sejour...  maintenant il enchaine les petits contrats qui se presentent ca-et-la.


Tanh et sa mere

 

je vous ferais bien un couplet sur le bruit de la pluie et le souffle du vent dans les hautes herbes comme berceuse mais ce soir-la, je tombe comme une masse, faisant fi de toute velleite de poesie lyrique. ca m empeche pas d etre aujourd hui encore tres touche par l attitude de ces gens vivant avec si peu et prets a donner tellement a qqn comme moi, sans rien accepter en echange. en plus, je dois leur paraitre tellement complique avec mes manieres.
par exemple, il me faut plus de temps qu eux pour la douche au baquet. plus de temps aussi pour ranger mes affaires pour les proteger de la pluie. je passe sur les details lies au complexe de "l operation caca" en plein air cerne par ces sacrees maisons sans mur !!
et puis faut dire que ca les fait marrer de voir que je ne tiens pas trois heures assis en tailleurs, mange le piment avec parcimonie, prefere le cafe chaud a la vodka au reveil et me balade avec un cuissard, vetement peu seyant eu egard a la mode d ici.

 

de retour sur le velo, les kilometres sous un temps maussade sont propices a mediter ces dernieres 24h tellement deconcertantes. j aimerais trouver un moyen de surprendre mes hotes d hier en les remerciant, pas seulement par des paroles...

 

des averses encore, de la boue toujours, des portions de routes sont parties rejoindre leur copines dans la “red river”, m aidant a comprendre comment ses eaux se sont brunies.

 

 

les derniers 170km, je les fais en bus pour retrouver joe qui est deja arrivee a hanoi depuis 24h!
arrivee a la gare routiere de hanoi a la nuit tombee, sous la pluie ...,  pour changer.

 


Detail d un toit de maison traditionnelle, parc du musee ethnographique de Hanoi.

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