Envoi n°7 du 30 novembre 2007 (Soudan, Ethiopie)

Episode n° 26 : Ethiopie, du 26 septembre au 22 octobre.

Pays : Ethiopie
km parcourus depuis Grenoble (FRANCE) :

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Ethiopie : la complainte du cyclo-solo

du 26 septembre au 22 octobre 2007
metama (frontiere)  => gonder => bahir dar => addis abeba

Traversee de village.
You ! Birr ! seul contact qui s etablit, tellement le harcelement m agresse. A la longue, je n arrive meme plus a trouver quoi repondre. Je passe. Passons…

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Le soir, l orage menacant, je suis heberge chez des gens dans une maison traditionnelle : murs en bois et torchis, forme circulaire, toit de chaume. C est grand et assez haut pour qu on soit pas derange par la fume qui se degage du feu sur lequel la mere cuisine et fait chauffer le café.
De meme, la piste cabossee n entaille pas mon optimisme et je salue gaillardement un peu tout le monde, heureux que j etais de sortir des pays arabes en plein Ramadan.

Ca avait donc bien commence. Mais voila ! la piste qui relie Metama, poste frontiere ethiopien a Gonder, premiere ville d importance me reserve d autres surprises pas faciles a oublier.

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D autres cyclos m avaient prevenu a propos de la traversee de l ethiopie : tu verras, on se fait harceler et les enfants n hesitent pas a te lancer des cailloux.

Je m y attendais sans y etre trop prepare. J ai deja vecu meilleures experiences de voyage. Des le 3e jour, j ai eu droit a une petite moyenne quotidienne de 3 caillassages ; 2 bousculades du velo avec moi dessus suivie chacune d une # operation grosse voix-gros yeux et noms d oiseaux qui fusent de part et d autres # sans grand effet, je dois le reconnaître. Mais ca defoule ! et d une tentative d agripper tout ce qui depasse de mon chargement. 1kg de banane en moins, des beignets pour midi envoles, etc. c est gentil de vouloir alleger mon staff mais au final, je me retrouve sans mes provisions en pleine brousse et avec les crocs. Et voila la pluie qui s en mele. Et pas une moitie de pluie. Des seaux ! et un sot, tout seul comme un con avec son velo bache. Pendant deux heures !!!

Donc avec un poncho, un ventre creux et un velo plein d eau, je reprends la route qui se me t a grimper : un vrai truc de malades. Je me demandais quelle allait etre la prochaine epreuve a affronter : eruption volcanique, attaque nucleaire, peste, …
Mieux ! et plus sournois, ce sont les puces qui ont remarquablement pris le relais en me piquant meticuleusement et de facon bien rationnalisee tous les 2cm de peau. Le rendu est un chef d œuvre d art contemporain sur cobaye (encore) vivant. Saisissant, faites moi confiance !

La je dois dire que j en avais deja bien ma claque ! l ethiopie, la musique et le soleil : mon œil ! un sketch, oui !

De ce troncon sur piste ou je ne depassais pas les 35km par jour et ou je me sentais de plus en plus crispe sur le velo, principalement a cause des gens, je ne savais trop quoi penser.
Certains touristes rencontres parlent de difference de culture qui entrainerait incomprehension voire agressivite. J ai essaye de reflechir a cette notion de difference culturelle qui me plait pas trop. Et tout compte fait, je ne vois pas ce blocage vis-à-vis de l ethiopie sous comme etant issu d une difference de culture. Non, je me dis a present que j ai ete bete de vouloir traverser ce pays a velo. Ce que je comprends des gestes comme le caillassage, c est certes de lincomprehension, mais c est surtout du depit cause par la provocation que represente un europeen a VTT. Que je le veuille ou non, on voit d abord en moi un gros portefeuille avant de me voir avec mes bonnes intentions de voyage et de rencontres, etc.. les gens sont a des annees-lumieres de ca ici (j entends en brousse la ou le touriste est rare). La pauvrete est tellement manifeste ici. Le touriste en 4*4 ou en bus ou en groupe apporte avec lui une forme de protection contre la promiscuite (l habitacle du vehicule ou le groupe par lui-meme) tandis qu a velo, on peut toucher. D ailleurs on touche.
Ainsi, en ayant conscience de ce que je peux representer, j aurais du m abstenir de venir comme ca dans le pays. C est la conclusion que j en retire. Ca m a ete penible de supporter ce stretch.

The dreamt spot
Pour mettre un peu de couleur dans le tableau un peu sombre que je vous brosse, faut dire que j ai quand meme trouve un bivouac ideal sur le chemin. Aykel.
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Au 5e jour de piste vers Gonder, je termine de me briser le moral lorsque l attache principale de mon porte-bagage avant cede. Pendant qq minutes, je pense # c est la fin du voyage ici ! # et puis avec un petit bout de ficelle, ca fait bien l affaire !

Et puis j arrive a gonder !
Et puis la, ca repart !

Gonder ou la tentation de l exorcisme.

Arrive a gonder, je redeviens pieton et les gesn ont l habitude de voir des touristes a pied. Le harcelement reprend son # niveau habituel #. Premiere ville d ethiopie, premieres impressions et premiers plongeons dans la vie de ce pays. C est bruyant, ca sent fort dans le souk, dans les petites rues et ca circule dans tous les sens !!!
Mais y a plein de musique, plein de gens qui glandent en se marrant. Et au milieu de tout ca, une pauvrete et une misere etalee par terre, crue. Des gens nombreux vraiment casses ! on dirait bien qu en ethiopie il y des classes sociales bien stratifiees. En egypte on voyait clairement une jet-set doree qui detonnait avec la majorite de la population pauvre mais avec un minimum du trio education-soins-alimentation. Ici, mon impression est qu il y a une middle-class aisee assez consequente qui evolue au milieu de l ethiopie-d-en-bas nombreuse aussi, toute estropiee, ignorante et qui a faim.

J arrive a la nuit tombante car j ai pas trouve de coin pour bivouaquer : trop de monde. Partout. Je pressens la galere genre # a la recherche d un hotel sous la pluie la nuit # d autant que 500 ados me tournent autour, prets a me #guider# pour un #small tipp#.

Heureusement, je rencontre Oren, touriste de passage avec ses 4 potes et il me propose de me guider jusqu a la pension belegez (plan a retenir pour les routards !) ou je passe une nuit et rencontre l inoubliable Filimon.

Ensemble, on va multiplier les petits dej dans les troquets sympas, il me presente a karlos, touriste espagnol, puis a Ngsti, une jeune femme energique qui a monte son asso d aide aux enfants des rues (approche communautaire, refuge et local ; legitimite obtenue au vu des resultats). Tous les 4 on se retrouve le soir a la pension pour des sorties, et le matin pour ces fameux petits dej qui font enrager jusque dans les corbieres !!!

Apres 6 jours a ce rythme, il fallait bien mettre les voiles. Addis est encore a 700km ! les au-revoir sont un peu chiants dans ce voyage. Mais c est la vie !

Depart pour Bahir Dar a 180km plsu au sud, bien motive pour pedaler un peu sur route goudronnee desormais jusqu a la capitale.
Helas apres 80 km, j ai eu mes caillassages quotidiens, je me suis fache tout rouge deux fois. Nerveusement, je suis a nouveau au taquet. Je sens aussi que je couve quelquechose.